Tunisie : les orphelines de Bourguiba en droit d’être fières

Hadda Hazem, rédactrice en chef du journal arabophone algérien Al Fajr a écrit un éditorial, en date du 21 septembre qu’elle a intitulé « les orphelins de Bourguiba ont le droit d’être fiers ».

La journaliste ne cache pas son admiration pour les acquis de la femme tunisienne et pour le code du statut personnel qui lui a garanti des droits inédits et uniques dans le monde arabo-musulman. Elle considère que ce n’est nullement un hasard que la femme tunisienne soit aujourd’hui « visée » dans son honneur et qu’elle soit traînée en sacrifice sur l’autel de l’opprobre et de la honte.
La femme tunisienne, écrit-elle, a toujours constitué un modèle et une référence de militantisme pour la femme arabe. Pas pour les Arabes, précise-t-elle, puisque ceux-ci ne croient pas aux droits humains encore moins en ceux de la femme. Les acquis réalisés par la femme tunisienne, sous la direction éclairée de Bourguiba, ont constitué une référence puis une revendication de la femme arabe lors du sommet de la ligue arabe tenue en 2004. Revendication ostensiblement rejetée par l’Arabie Saoudite et par les Emirats du golfe qui continuent à consacrer les inégalités entre les genres et à sceller la privation attentatoire aux libertés et droits de la femme dans ces contrées.
La femme tunisienne qui a marqué la révolution de janvier et qui a participé au renversement de Ben Ali. Cette femme tunisienne toujours déterminée à mener son combat jusqu’au bout dans le but de préserver des droits et libertés chèrement acquis. Cette femme fait peur. Elle est un cauchemar pour ceux qui doutent de leur virilité, pour ceux qui craignent pour leur –fausse- honorabilité.
Comme la révolution tunisienne a enflammé la rue arabe avant de subir un hold-up et d’être déviée de ses objectifs, elle a eu le pouvoir de terroriser ces émirs de pacotille et leurs séniles exégètes wahabites dans la perspective d’une légitime « intifadha » de la femme qu’ils ont séculairement persécutée, opprimée et soumise à tous leurs caprices et bons vouloir. D’où, selon la journaliste, un désir ardent et irrépressible de vengeance de ces sénescents qui ont décidé de jeter la femme tunisienne dans les marécages de la honte et du déshonneur, dans les bras et dans les couches de ces djihadistes englués dans un combat qui les concerne peu mais pour lequel ils ont été mobilisés par ces criminels, en collision avec des responsables politiques du pays et que la société civile promet de dénoncer.
Quelle différence ! s’exclame Hadda Hazem, entre les filles de Bourguiba émancipées et encouragées à la recherche du savoir et à la conquête des plus hauts degrés de l’échelle sociale et entre les filles de Ghannouchi dont il s’est moqué et envoyé dans une mission de la honte et de l’ignominie, dans un désir évident de contenter ses protecteurs du Golfe, lesquels lui ont acheté à vil prix les voix des pauvres hères.
L’éditorialiste a fait remarquer que Bourguiba n’a jamais fait commerce de la Tunisienne pour laquelle il a ouvert toutes grandes les portes des temples du savoir après qu’il l’a débarrassée de tous les carcans qui la maintenaient prisonnière des traditions archaïques étouffantes. Bourguiba, rappelle-t-elle, a interdit la polygamie car convaincu que la femme est « la compagne d’une vie » et nullement un citron que l’on jette une fois qu’on l’a pressé.
Ghannouchi, dénonce-t-elle, n’a pas envoyé sa propre fille pour s’attirer la faveur divine, il a choisi de sacrifier les pauvres filles désespérées et soumises. A sa fille, souligne-t-elle, il a offert des investissements et un commerce lucratifs et aux Tunisiennes, il a offert une honte indélébile et des scandales retentissants.

M.BELLAKHAL