Tunisie : les visées d’Ennahdha mises à nu !
Archéologue de l’islam, théologien et écrivain, Néji Jelloul a accordé au quotidien algérien francophone El watan un entretien dans lequel il commence par une présentation des mouvements islamistes dans les pays du « printemps arabe » et une analyse de leurs politiques respectives et d’un islam politique qui a montré ses limites.
M. Jelloul ne nie pas que les événements d’Egypte puissent avoir des répercussions sur l’avenir de la Tunisie, mais, précise-t-il, le coup reçu par les frères musulmans en Egypte peut s’avérer bénéfique pour les laïcs tunisiens et affaiblir Ennahdha.
Concernant une possible alliance entre Ennahdha et les salafistes en Tunisie, M. jelloul estime que les objectifs des deux courants est certes d’islamiser l’Etat pour les premiers et la société pour les autres. L’alliance est ainsi tacite, fait-il remarquer, soulignant le fait que les islamistes ne veulent pas d’un partage du pouvoir mais le plein pouvoir. Le théologien évoque ensuite les ambitions de Rached Ghannouchi qui recherche, dit-il, une réelle intégration du pays dans l’islamisation, qui s’opère petit à petit dans un contexte propice et sur la durée. « Le leader islamiste revendique un retour aux origines et le 6ème califat. Il cherche à retourner à un islam du désert, un islam rigoriste qui élimine toute forme de culture et l’être humain », assène-t-il tout en relativisant ses propos quant au contexte tunisien peu favorable aux objectifs du cheikh.
Concernant une éventuelle implication d’Ennahdha dans les actions terroristes du Chaambi, M. jelloul avance l’idée qu’il pourrait être le commanditaire de ces attentas sans que ce soit forcément un chef nahdhaoui, expliquant que le mouvement se base sur un réseau politique et financier important, voire de commerce parallèle. Il n’y a qu’Ennahdha, dit-il, qui cherche à contrôler le secteur du Chaambi en tant que zone de non droit et il n’y a que lui qui veuille provoquer un effondrement de l’Etat.
M. Jelloul termine avec une vision terrifiante de l’avenir en Tunisie faite de violence et de terreur si les islamistes perdent le pouvoir. De même, s’ils s’y maintiennent, dit-il, il ne pourra y avoir d’élections libres et démocratiques après qu’ils aient assuré leur mainmise sur l’Etat, la police, l’administration, les associations et une partie des ONG internationales.
M. BELLAKHAL