Tunisie-Sécurité : plus de fermeté, promet Hamadi Jebali
Le Chef du gouvernement, Hamadi Jebali, se trouve à Bruxelles où il chercherait « à sauver ce qui pourrait encore l’être » auprès de responsables belges et européens, déroutés par le cours des événements récents et par la voie sociopolitique empruntée dans une Tunisie, passée à leurs yeux pour un modèle très particulier de travail, de paix sociale, de modernité.
M. Jebali a accordé, en la circonstance, au quotidien généraliste francophone belge « le Soir » une interview exclusive dans laquelle il annonce, toujours sans convaincre ni ses interlocuteurs, ni les lecteurs, des « mesures » destinées à redorer l’image ternie de la Tunisie. Soumis à la comparaison avec l’entretien accordé aux chaînes nationales de télévision, les propos du Chef du gouvernement confirment le double discours volontairement adopté selon qu’il s’adresse à l’opinion publique étrangère ou nationale. Pour la Belgique, il apporte « un message d’amitié », pour les Européens, il fait un appel du pied en vue d’un appui « aux efforts de la Tunisie pour instaurer un État démocratique » et un accompagnement pour la résolution des problèmes socioéconomiques sans laquelle il n’y aurait point de réussite politique.
Les questions évoquées sont nombreuses et devenues classiques. Tout d’abord, au volet sécuritaire, le Chef du gouvernement se veut réfléchi et rassurant. Oui, il condamne avec fermeté le geste des policiers violeurs attentant à la dignité d’une femme et promet un « jugement sévère » de ces individus qui « bafouent nos valeurs morales ». Oui, il reconnaît que les événements du 14 septembre « ont donné de la Tunisie une image déplorable » et que les actes de violence à l’ambassade US de Tunis « n’honorent pas notre Révolution ». M. Jebali assure, à ce propos, qu’il y a eu depuis une révision de l’approche sécuritaire vis-à-vis des « groupes d’extrémistes » et que « des mesures strictes seront dorénavant prises en vue de protéger [nos] hôtes étrangers et les bâtiments officiels ». Peut-être informé des perturbations engendrées dans les réunions politiques par des groupuscules qu’il qualifie d’extrémistes, le premier ministre en appelle au sens du civisme des citoyens pour « qu’ils respectent les libertés individuelles », l’ABC, dit-il de la démocratie.
A la question de savoir ce qui s’est opposé jusqu’ici à la rédaction de la Constitution, prévue pour un délai d’un an, M. Jebali évoque les exemples de « pays ayant mis deux ou trois ans pour remplir une telle mission ». Il suggère de « ne pas dramatiser » donc, et explique que l’ANC n’a pas que cela à faire et que des divergences y existent sur nombre de questions et qu’un consensus est souhaité pour ne pas aller jusqu’au référendum.
Pour ce qui est de la tenue des prochaines élections, le Chef du gouvernement avance la date de mai 2013, « mais rien n’est définitif, souligne-t-il, cette date dépend des travaux de l’ANC ».
Prié de se prononcer sur les nominations controversées dans le secteur des médias publics et sur les critiques essuyées à ce sujet, M. Jebali défend le droit du gouvernement à désigner les PDG des entreprises mais nie toute intention d’une quelconque ingérence dans la ligne éditoriale des journaux ni dans les nominations des rédacteurs en chef, tout en reconnaissant du bout des lèvres, toutefois, que les concertations à ce propos sont relativement peu effectives.
Et quid d’un « rapide » remaniement du gouvernement, s’enquiert le journaliste. Le Chef du gouvernement corrige : « un élargissement, une assise plus large, est possible, je le souhaite, si nous trouvons un programme consensuel avec les partis et personnalités indépendantes avec qui nous discutons ».
M. BELLAKHAL